La quête illusoire du bonheur

Quête illusoire du bonheur

En lisant ce titre, on peut s’attendre à un article qui réfute l’existence du bonheur. Absolument pas !

Le but principal est avant tout de s’interroger sur la notion même du bonheur et de se demander comment la quête perpétuelle du bonheur est la meilleure voie pour entretenir la souffrance qu’on porte en soi.

Il peut donc être intéressant de se poser un instant, de mettre la recherche sur pause et de s’interroger sur ce qui nous motive réellement sur cette voie.

#1 Définissons le bonheur

Bien des philosophes se sont interrogés sur la définition du bonheur. Mais je crois qu’il est important de re-définir les choses pour se poser les bonnes questions.

Pourquoi ? Car souvent, lorsqu’on dit « je veux être heureux », « je cherche le bonheur », « il est où le bonheur, il est où ? », on pose plutôt la question de « quand est ce que je vais arrêter de souffrir ? », « quand est ce que je vais enfin me sentir en joie ? ». Et là est la première grosse erreur.

Il ne faut pas confondre joie et bonheur. La joie est une émotion. Le bonheur est un état d’être. Résumer le bonheur au fait d’éprouver de la joie en permanence reviendrait à dire qu’il n’y aura plus jamais de tristesse, de peur, de colère. C’est impossible. Notre monde intérieur est une palette d’émotions et chaque cycle de notre vie nous amène à vivre des choses qui vont secouer ce monde intérieur.

=> Le bonheur n’est donc pas une joie permanente soyez en assuré.

Ce premier constat posé, nous comprenons donc que le bonheur n’est pas une émotion mais bien un état d’être, une philosophie de vie, un état de paix avec soi et avec le monde. Lorsque nous acceptons que la vie sera toujours faite de hauts et de bas, de joie et de peine, de gains et de pertes, nous pouvons sortir de l’illusion du bonheur tel qu’il est vendu pour entrer dans la réalité de la vie. Ne plus chercher à fuir la souffrance mais à accepter la vie telle qu’elle est (ce qui ne veut pas dire tomber dans le fatalisme mais nous y reviendrons). C’est à ce moment que l’on peut commencer à cultiver un état d’esprit qui nous permet d’accepter pleinement les choses et choisir au quotidien quelle attitude nous allons adopter et ce que nous allons choisir de nourrir. La notion de choix est donc primordiale. Le bonheur en tant qu’état se travaille et se cultive au quotidien.

=> Ainsi, le bonheur est un état d’être que l’on choisit de nourrir au quotidien et qui passe par l’acceptation pleine et entière de la vie.

Dans nos sociétés modernes, on ne nous apprend que très peu à construire notre bonheur. Car oui, il n’y a pas de formule magique à réciter. Par contre, voici quelques étapes qui peuvent être intéressantes à mettre en place.

#2 Construire le bonheur

→ Repérer nos schémas souffrants, les conscientiser et les accueillir pour se préparer à acter de manière plus consciente et plus en harmonie avec nos véritables désirs sans être guidé par le pilote automatique des blessures et des peurs.

Cela demande souvent un long travail d’introspection, d’observation de soi-même et d’échanges avec des professionnels pour soutenir ce chemin. Quoiqu’il en soit, la vie se chargera de nous envoyer à chacun.e toutes les occasions et les expériences nécessaires à ces prises de conscience. Ne nous leurrons pas, la vie nous amène souvent les opportunités pour grandir et évoluer. Nous voyons cela comme des épreuves, des coups durs, des vacheries. Mais en réalité, il s’agit d’occasions pour nous de conscientiser et transmuter des souffrances profondes afin d’aller vers une version de soi plus harmonieuse.

→ Apprendre à se connaître : cela paraît facile dis comme ça mais nous passons le plus clair de notre temps à être ce que la société attend de nous, ce que nos parents attendent de nous, ce que nos proches attendent de nous. Nous courrons, nous nous divertissons et avons finalement peu de temps pour réfléchir véritablement à ce qui nous fait du bien, ce qui nous porte, ce qui nous fait nous sentir en vie. Parfois, nous le savons ou alors la petite voix de notre cœur le murmure délicatement mais nous faisons mine de ne pas l’entendre. Pour cela, il est nécessaire d’aller vers des activités, des lieux qui nous attirent. Cela permettra bien souvent de rencontrer des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêts que nous et avec qui il sera possible de créer possiblement de belles amitiés. Et c’est à travers tout cela qu’on apprend à repérer les personnes avec qui on se sent bien, les valeurs qui sont importantes pour nous, les activités dans lesquelles on se sent épanoui. Dans l’idéal, il faut donc pouvoir garder un pied dans l’extérieur pour continuer à se découvrir et à en apprendre toujours davantage sur soi. Je reste convaincu que ce sont les rencontres et les expériences qui nous en disent le plus sur nous-même.

→ Faire des choix : le bonheur se construit aussi à travers les choix que nous faisons, petits ou grands. Chaque choix va nous permettre de décider qui l’on souhaite être à l’instant. Chaque choix est une possibilité de révéler et de se mettre en mouvement vers ce qui nous anime. Rien n’est figé. La vie est un mouvement perpétuel, une évolution constante. Et choisir, c’est prendre la responsabilité de sa vie et de son bonheur. Il n’y a pas de bons ou de mauvais choix. Juste des opportunités d’expérience. Bien souvent, on se laisse porter par ce que la vie a à nous offrir mais petit à petit, à mesure qu’on se découvre, on est en mesure de réellement choisir en conscience : choisir son lieu de vie, choisir son travail, choisir ses amis, choisir ses activités, choisir son compagnon ou sa compagne. Nul besoin de perfection ! Juste des choix, en conscience qui vont nous amener petit à petit à nous réaliser et à vivre plus en harmonie avec nos désirs véritables. Et la vie est intelligente, plus on évoluera, plus elle nous amènera des expériences agréables.

→ Essayer d’adopter une attitude plus positive au quotidien : alors attention, je ne suis pas du tout un adepte de la méthode couet ou de la positive attitude. Je vous dirai même que ça m’énerve au plus haut point. Par contre, lorsqu’on décide de prendre la véritable responsabilité de sa vie, on peut choisir au quotidien de changer son point de vue sur l’extérieur.
Un Pourquoi ça m’arrive ? peut se transformer en « Qu’est ce que cela me montre et m’apprend ? »
Un Je suis triste, c’est comme ça peut se transformer en «  Quel manque cela vient me montrer en moi et comment puis-je y remédier ?« 
Un « Je suis en colère, tout le monde m’énerve, je ne supporte plus rien » peut se transformer en « quelles limites n’ai je pas respecté ou su faire respecter et comment puis-je apprendre à poser des limites saines pour pouvoir prendre soin de moi et me respecter ? »

Une autre manière de poser des constats peut suffire à agir plus en intelligence avec nous même et trouver des solutions adaptées en réelle harmonie avec nos constats.
Il ne s’agit donc pas de se répéter bêtement 5 fois par jour la vie est merveilleuse et je suis capable de tout si on n’y croit pas profondément. Non. Il s’agit de poser un autre regard sur les difficultés rencontrées. Un regard plus emprunt de bienveillance envers soi-même. Car construire son bonheur passe aussi par faire entrer plus d’amour et de douceur pour soi. J’en parlerai dans un autre article.

→ Prendre du temps pour soi et apprécier la beauté : nous avons oublié ce qu’était le fait de prendre un réel temps pour soi, un temps de contemplation. Parfois 5 minutes suffisent. On observe un bel arbre, on écoute le chant d’un oiseau, on regarde les nuages qui passent, on s’émerveille d’un enfant qui rit, d’un paysage à couper le souffle, d’une belle œuvre d’art. Ce sont des petites choses de rien du tout mais qui peuvent nous reconnecter à l’essence même de la vie et décrocher quelques instants de nos préoccupations.

#3 Conclusion

En résumé, le bonheur n’est pas une « chose » que l’on va trouver comme par miracle parce qu’on aura fait ci ou fait ça. Il se construit au quotidien, petit pas après petit pas. Il faut parfois passer par des expériences très douloureuses pour conscientiser des choses très profondes qui nous guideront vers plus d’épanouissement. Comme pour une plante qu’on arrose soigneusement et dont on prend soin, il se cultive. Puis petit à petit, nous allons gagner en connaissance de nous et être en mesure de faire des choix de plus en plus conscients qui nous mèneront vers plus d’épanouissement. Ne cherchez donc plus à courir après le bonheur. Il est déjà là, en vous, bien caché derrière vos blessures, vos peurs et toute une couche de conditionnements.

La vie est un voyage. Un voyage de découverte de soi. Nous sommes ici pour expérimenter et se connaître. Et si on apprend à jouer le jeu de la vie en acceptant ses vérités immuables, on peut commencer à vivre réellement et à faire de la vie notre amie et non notre ennemie.