La dogmatique spirituelle

Spiritualité dogmatique

Nous avons été nombreux à vivre un éveil spirituel. Personnellement, le monde invisible, comme je me plais à le qualifier, n’existait absolument pas dans mon champ de conscience. Les notions de signes, mission de vie, heures miroir, karma ne voulaient rien dire pour moi. Et assez soudainement, via une rencontre, j’ai basculé dans ce monde.

Aujourd’hui, j’ai eu envie de vous partager ma réflexion liée à mon expérience sur la question de la dogmatique spirituelle ou comment les concepts de la spiritualité New Age essaie de répondre à nos angoisses fondamentales.

#1 Le destin, la mission de vie

Vaste question qui a passionné plus d’un penseur. A t-on un destin ? Je crois qu’il faut partir d’un postulat. Cette réponse est individuelle. Il est des questions fondamentales dans l’existence qui impliquent la notion de foi. Je choisis de croire au destin ou pas. Je choisis de croire en Dieu ou pas. Je choisis de croire au karma ou pas.

Le choisit-on vraiment en réalité ? Notre éducation et notre chemin y est pour beaucoup. Mais quoiqu’il en soit, notre parcours reste personnel. Je viens d’une famille profondément athée. Et pourtant, la foi est entrée dans ma vie par le biais d’expériences. Cela nous tombe dessus (ou pas!).

Je crois que nous sommes ici pour vivre tout simplement. Nous sommes une personne à part entière. Nous sommes venus au monde avec un tempérament, des aspirations, des intérêts spécifiques, des forces et des faiblesses, des blessures. Et notre destin consiste à faire au mieux avec cela. Ni plus ni moins. La vie n’attend rien de nous.

Le seul destin que nous ayons est celui de vivre et d’expérimenter pour exprimer au mieux qui nous sommes dans l’instant présent. Sachant que ce que nous sommes aujourd’hui n’est plus ce que nous étions hier et n’est pas ce que nous serons demain. Nous évoluons en permanence. C’est pourquoi le concept de mission de vie (qu’on peut rapprocher du destin) peut devenir un élément bloquant lorsqu’il est présenté comme une révélation ultime de notre but sur terre effaçant toutes les expériences possibles. Nous nous construisons et tout le but de notre vie est d’apprendre à nous connaître et de vivre en fonction de l’instant.

Il est plus vendeur d’encourager les personnes à trouver LEUR mission de vie, à faire LE bon choix, à être avec LA bonne personne. On crée des concepts desquels naissent des méthodes qu’on vend une fortune pour semer encore plus de doute et de peur dans l’esprit de la personne. Je tenais donc à attirer votre attention à ce sujet. Il n’y a pas nécessairement, je pense, UNE activité, UNE personne, UN lieu qui nous est destiné. Le destin se construit à mesure de nos expériences.

#2 Les dogmes comme catalyseurs d’angoisse

De tout temps, que ce soit par la religion, la philosophie, la spiritualité dogmatique (que je distingue de la spiritualité « tout court »), des êtres humains (pour certains portés par de très belles intentions) ont tenté de canaliser les angoisses de l’humanité en érigeant des dogmes, des modèles de pensées, des croyances pour le rassurer et l’aider à cheminer plus sereinement dans la vie aussi rigide et enfermant que cela ait pu être.

J’ai donc la sensation que la spiritualité New Age tente à son tour de répondre à ces angoisses profondes. Par exemple, la mission de vie en tant que destinée absolue ne répond-elle pas à un besoin égotique de se sentir spécial et de trouver un sens plus profond à l’existence ? Le simple fait de se dire je suis juste ici pour vivre peut pour certaines personnes paraître insupportable, au moins dans un premier temps. Et si cela paraît insupportable c’est qu’il y a une ou des angoisse(s) profonde(s).

Pour cela, je pense à la psychothérapie existentielle de Yalom qui décrit 4 angoisses fondamentales : la finitude, l’isolement, l’absence de sens et la responsabilité.

Pour faire simple, ces 4 angoisses indiquent que :
– Nous avons infiniment peur de la fin que ce soit la mort ou la fin d’une situation.
– Nous avons infiniment peur de l’isolement et du sentiment d’être seul face à soi-même.
– Nous avons infiniment peur de l’absurdité de la vie.
– Nous avons infiniment peur de la responsabilité car elle implique le libre arbitre et la liberté de nos choix.

Voilà pourquoi nous sommes nombreux à courir après quelque chose sans forcément savoir quoi. Nous courons après des relations car nous avons peur d’être seul, une activité épanouissante qui donnerait un sens à notre vie, des guidances extérieures pour nous rassurer quant à nos choix et nous nous accrochons à tout car nous ne voulons pas que les choses prennent fin.

Bon je grossis le trait vous l’aurez compris mais dans l’idée c’est à peu près ça qui se passe. Tôt ou tard, nous serons amenés à rencontrer l’une de ses angoisses. Pour certaines personnes, ces angoisses sont très présentes et constituent une véritable source de souffrance au quotidien sans qu’elle soit véritablement identifiée. Du coup, la vie devient une course effrénée pour échapper à cela avec tout le stress et l’anxiété que cela comporte.

#3 Que fait-on de ces angoisses ?

Je pense qu’il faut les regarder en face une bonne fois pour toute. Oui nous sommes le seul décideur de notre vie, oui nous sommes seul face à nous-mêmes, oui tout a une fin et oui la vie n’a en soi aucun sens si ce n’est la vie elle-même. Mais si nous arrivons à intégrer ces postulats, on peut commencer enfin à vivre dans la bonne énergie.

Pourquoi ? Car nos choix ne seront plus une fuite mais plutôt une tentative de se rapprocher un peu plus de soi-même.
– Nous n’entrerons plus en relation pour ne pas être seul mais plutôt pour partager qui nous sommes avec l’Autre.
– Nous ne choisirons plus une activité ou un travail par pur besoin égotique mais juste parce que ça nous intéresse et que nous avons des compétences à découvrir et à exprimer dans ce domaine.
– Nous accepterons que nos choix ne dépendent que de nous et qu’il n’y a ni bon choix, ni mauvais choix. Juste des expériences. Aucune garantie de résultat. Je cite le livre « Conversations avec Dieu – Tome II : si tu veux des garanties dans la vie, alors tu ne veux pas la vie ».
– Nous apprendrons qu’un commencement implique une fin. Et que s’accrocher à ce qui doit partir c’est émettre une résistance très forte au flux naturel de la vie. C’est très compliqué je vous l’accorde mais en développant une bonne relation avec soi-même, on gère de mieux en mieux les fins. Il paraît que la nature a horreur du vide. On ne remplace personne. Juste, on laisse la place à d’autres énergies.

Comme toute peur, ces angoisses méritent d’être regardées en face. Si on arrive à les conscientiser, on peut, je crois, libérer un énorme stress et commencer à vivre de manière plus légère.

#4 La spiritualité dans tout ça

La spiritualité n’est ni plus ni moins qu’un chemin de découverte personnelle. Il y a autant de spiritualités que d’êtres humains. Il n’y aucune vérité. Votre vérité vous appartient. Elle se construit en vous. Ce que je vous énonce sur ce blog n’est que le reflet de ma vérité qui ne sera pas la vôtre. Par contre, nous pouvons partager la même vérité et nous rejoindre à un moment donné. Ma vérité a déjà évolué et évoluera encore. La votre aussi.

Je vous invite donc à la plus grande prudence. Prenez le temps de sonder votre coeur et d’accueillir où vous en êtes. Si possible, entourez-vous, si tel est votre besoin, d’accompagnants de coeur qui n’essaieront pas de vous vendre des méthodes miracles mais qui vous tiendront la main durant votre chemin. Les dogmes enferment alors que la spiritualité est la voie du coeur, de l’ouverture et des possibles.